L’Impératrice
Event ID: 561
03 mai 1917
Source ID: 33
ISBN: 1854091271
« Richthofen n’était pas non plus un courtisan, mais il savait quel rôle il devait jouer. Le lendemain, le lieutenant Krefft, qui avait reporté son propre congé pour profiter de la vie parmi les personnalités de l’Empire allemand, emmena Richthofen à Bad Homburg vor der Höhe. Cette ancienne ville thermale, située au nord-est de Francfort-sur-le-Main, était l’un des lieux de villégiature préférés des familles riches et royales d’Europe. Les invités les plus importants arrivaient à la Kaiserbahnhof, une aile spéciale de la gare centrale. L’arrivée de Krefft et Richthofen dans un grand champ à bord d’un LVG C.V biplace provoqua donc une agitation locale.
Lothar von Richthofen raconta ce que Manfred lui avait dit à propos de la réception : « La Kaiserin s’intéressait tellement à l’aviation qu’elle se rendit elle-même à l’aérodrome. Pendant le vol, mon frère portait la vieille veste en cuir dans laquelle il avait remporté toutes ses victoires aériennes. Juste après l’atterrissage, il fit son rapport à l’impératrice. Afin de justifier dans une certaine mesure le fait qu’il avait revêtu sa vieille veste en cuir pour cette occasion solennelle, il lui dit qu’il avait remporté 52 combats aériens avec elle. L’impératrice caressa la veste et dit : « Cette bonne veste, vous avez remporté 52 victoires aériennes avec elle. »
Bad Homburg avait été épargnée par les privations de guerre qui avaient touché d’autres villes allemandes et, au grand plaisir de l’impératrice, était presque dépourvue du brouillard d’uniformes que l’on voyait à Bad Kreuznach. L’arrivée du célèbre aviateur fut une merveilleuse distraction. Bien qu’il lui fût interdit de voler, Richthofen ne put résister à l’envie de démarrer le moteur du biplace et de rouler sur la vaste pelouse, soulevant un vent à chaque virage.
L’impératrice Auguste Victoria offrit à Richthofen un cadeau d’anniversaire tardif, « un étui à cigarettes en or et émail blanc gravé de son nom », rappelant son nouveau statut de héros national. Ce statut lui procura un plus grand confort et même de l’affection pour son hôtesse, comme il le rappela : « On avait le même sentiment qu’avec Hindenburg ; on se trouvait en présence d’une charmante vieille dame, que l’on pouvait comparer à une vieille tante ou à sa propre grand-mère, et on oubliait facilement qu’elle était l’impératrice. »
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