Bölcke demande à MvR de rejoindre Jasta 2 – la version de Burrows
Event ID: 512
01 septembre 1916
Source ID: 29
« Un après-midi, Oswald Bölcke fit son apparition. Il rentrait en Allemagne après avoir visité des groupes aériens en Turquie. Ce voyage avait été organisé par le haut commandement dans le double but de permettre à Bölcke de se reposer après sa dix-neuvième victoire et de montrer aux forces allemandes et turques combattant les Arabes et les Britanniques dans la péninsule arabique qu’elles n’avaient pas été oubliées malgré les deux autres fronts de la patrie. Bölcke avait abattu plus d’avions que tout autre Allemand et était présenté par Berlin comme le plus grand pilote de combat au monde. Lors du dîner ce soir-là, il raconta aux pilotes de bombardiers émerveillés qu’il était juste passé quelques heures pour rendre visite à son frère, Wilhelm, qui se trouvait être le commandant de l’escadron de Richthofen. Ce n’était pas tout à fait vrai. Le jeune Bölcke avait reçu l’ordre de créer un escadron mobile d’élite pour lutter contre les escadrons britanniques de plus en plus performants et déterminés sur le front occidental. Il était à la recherche de talents. Richthofen était l’un des pilotes assis autour de la table qui souriait à Bölcke chaque fois que leurs regards se croisaient. Il resta dans le groupe qui suivit les frères Bölcke dans un salon après le repas et écouta attentivement Oswald décrire la situation en France et certains des pilotes alliés exceptionnels que les Allemands y rencontraient. Tard dans la soirée, les officiers du 2e escadron de chasse partirent les uns après les autres, prenant congé respectueusement, comme s’ils sentaient qu’ils étaient à une audition, jusqu’à ce que les frères se retrouvent enfin seuls dans une pièce remplie de fumée de cigarette et de verres vides. Oswald expliqua à Wilhelm pourquoi il était venu et ajouta que, d’après ce qu’il avait vu et entendu ce soir-là et auparavant, Richthofen voulait devenir pilote de reconnaissance. Il connaissait un peu les antécédents du Prussien, sa famille riche, sa passion réputée pour la chasse et son indifférence apparente pour les femmes et l’alcool. Mais quel était son tempérament ? Serait-il à sa place dans un escadron de chasse ? Aurait-il la patience de traquer ses proies dans les airs comme il le faisait au sol, l’obéissance nécessaire pour suivre les instructions aussi rapidement que possible dans les combats aériens ? Avait-il l’œil et les réflexes nécessaires pour être agressif avec succès ? Wilhelm dit à Oswald que Richthofen avait eu des débuts difficiles dans l’aviation et que, même s’il avait encore tendance à être maladroit, il travaillait dur pour s’améliorer. Il ne savait presque rien du fonctionnement des avions ou de leurs mitrailleuses, et ne semblait guère disposé à apprendre. Il fallait surveiller ce trait de caractère, dit Wilhelm, car c’était le signe indéniable d’un chercheur de gloire qui estimait ne pas devoir se soucier des détails. Ce sont les détails qui font gagner les batailles, ajouta Wilhelm, ce que Richthofen aurait dû apprendre à l’école. Mais il était enthousiaste, et sa soif de gloire, même excessive, n’était pas une mauvaise chose si l’on pouvait lui inculquer les bases avant qu’il ne se fasse tuer. S’il survivait à ses premières patrouilles, conseilla le vieux Bölcke au jeune homme, il ferait probablement un bon pilote de reconnaissance. Il y en avait un autre, Erwin Böhme, un vieil homme de trente-sept ans, pilote exceptionnellement habile et courageux. Pourquoi ne pas le prendre aussi, demanda Wilhelm, et avoir un vieux tigre parmi les petits. Tôt le lendemain matin, Bölcke fit ses bagages et se rendit dans les quartiers de Richthofen et Böhme. Il les invita à rejoindre un nouveau groupe appelé « Jagdstaffel 2 » et, s’ils acceptaient, à se rendre à Lagnicourt, en France, vers le 1er septembre. Jagd signifie « chasse » en allemand. Ils acceptèrent.>>
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